samedi 2 mars 2024

02 mars 2024 - Notre-Dame des Neiges

 « Rayonner par la prière »

L’abbaye cistercienne de Boulaur a essaimé à Notre-Dame des Neiges pour y maintenir la vie monastique après le départ des derniers trappistes. 

Cette installation exige des travaux: les soeurs souhaitent atteindre l'autonomie énergétique d'ici l'été 2025:


Il est possible de les aider par CREDOFUNDING

Site de l'Abbaye de Notre-Dame des Neiges : SITE

Dans un monde qui se déchristianise et comprend de moins en moins le sens et l’utilité d’une vie donnée à Dieu, que représente la fondation d’une abbaye de moniales cisterciennes contemplatives ?

La vie monastique a toujours été un signe de contradiction. Sa dimension eschatologique nous rappelle que notre finalité se trouve en Dieu et que Lui seul peut combler nos vies. Dans un monde déchristianisé et de plus en plus sécularisé, ce signe de contradiction résonne de plus en plus fortement et la fondation d’un monastère, au moment où, malheureusement, de nombreuses abbayes se voient obligées de fermer, est évidemment riche de signification.

Extrait de l'interview des soeurs réalisé par Christophe et Élisabeth Geffroy pour La Nef



mercredi 27 décembre 2023

27 décembre 2023 - Jésus est-il né un 25 décembre?

  

Jésus est-il né un 25 décembre ?

Mystères des intelligences et volontés humaine et divine de Jésus

par M. l'Abbé Jean de Massia, FSSP


Les évangiles ne disent pas en quel mois est né Jésus : pourquoi cette date du 25 décembre fut-elle retenue ? Pour certains, le seul fondement de la fixation de la date de Noël – étendue à toute l’Église au IVe siècle – serait la christianisation d’une fête païenne. Qu’en est-il réellement ?
 
Fête chrétienne ou fête païenne : la fête du Sol invictus

La nativité était commémorée dans les premiers siècles – à Jérusalem et plus largement – au 6 janvier. Le choix de cette date, puis de celle du 25 décembre serait lié pour certains à la nécessité de christianiser ou de contrecarrer des fêtes païennes : une fête égyptienne du soleil début janvier, la fête romaine du Sol invictus (« soleil invaincu ») au moment de l’équinoxe d’hiver.

L’argument du Sol invictus, souvent entendu, semble séduisant : à l’équinoxe d’hiver les jours commencent à rallonger, l’instant a été vu par les anciens comme la « renaissance » du soleil, souvent considéré comme un dieu. Il semble cependant que la fête romaine du Sol invictus soit relativement récente, et même plus récente que la fixation chrétienne de la date de Noël : la célébration païenne semble être liée à l’empereur Septime Sévère et son fils Elagabal (218-222). Leur tentative maladroite d’imposer le soleil comme dieu suprême du panthéon impérial irritera le sénat et les notables, au point qu’Elagabal sera assassiné par les prétoriens. Ce culte restera modeste jusqu’au règne d’Aurélien (270-275), qui en fera une arme pour restaurer l’unité de l’empire et asseoir son pouvoir. Par décret impérial, Aurélien fit du soleil une divinité officielle de l’empire et lui fit construire un temple, solennellement dédicacé le 25 décembre 274. Cette célébration fut reprise par l’empereur apostat Julien (358-361) dans sa tentative de faire renaître un culte impérial concurrent de la religion chrétienne.

Est-ce pour concurrencer la liturgie impériale que les chrétiens fixèrent au 25 décembre la célébration de la nativité du Sauveur ?

Célébrait-on déjà Noël à l’époque de Septime Sévère et d’Aurélien ? L’officialisation et l’extension de la date de la fête sous Constantin ne signifie pas que la nativité n’ait pas été précédemment fêtée à la fin de décembre. Vers 202-204 l’écrivain ecclésiastique Hippolyte (175-235) donne déjà dans son commentaire sur Daniel les 25 décembre et 25 avril comme dates possibles pour la naissance et la mort du Christ. À la même époque Tertullien citait le 25 mars comme date de l’Incarnation (Annonciation). Certains suggèrent ainsi qu’Aurélien puis Julien fixèrent la date de la fête du soleil précisément au 25 décembre pour contrecarrer la célébration chrétienne de la nativité.

Un argument en faveur du 25 décembre : le calendrier sacerdotal de Qumran

Saint Luc nous apprend que le Christ est né 6 mois après son cousin Jean-Baptiste, dont la conception intervint peu après le service accompli par son père Zacharie, prêtre de la classe d’Abia, dans le Temple, où eut lieu l’annonciation de l’ange. En 1995, les chercheurs Shemaryahu Talmon et Israel Knohl publiaient une étude sur un calendrier liturgique retrouvé dans la grotte 4 du complexe de Qumran et numéroté 4Q321, identique à celui du premier livre d’Hénoch ou des Jubilés, deux écrits religieux juifs très répandus et influents au Ier siècle. Dans ce calendrier cyclique sur six ans, on trouve l’organisation du service au Temple des 24 classes sacerdotales dans les années 50-25 avant Jésus-Christ. Grâce à un autre rouleau publié en 2001 (noté 4Q328) on a découvert que la classe d’Abia était en charge au troisième trimestre de la troisième année du cycle, au mois de tishri (fin septembre – début octobre). La source correspond bien à la tradition, qui place la conception de Jean-Baptiste au 23 septembre et sa naissance neuf mois plus tard, au 24 juin.

Ces découvertes récentes permettent ainsi d’apporter une confirmation à la formation à la fixation de la date de la nativité au 25 décembre.

Datations d’après la tradition

La liturgie témoigne de la pertinence des dates retenues par la tradition pour la célébration des mystères de l’Incarnation : du 23 septembre (conception de saint Jean-Baptiste) au 25 décembre. On peut y ajouter une raison supplémentaire, parfois rapportée par les Pères de l’Église.

À l’autre extrémité de la vie du Christ, on a essayé de déterminer la date de la crucifixion, soit le 14 Nisan (veille de la Pâque), qui aurait pu correspondre à un vendredi 25 mars. Les Pères ont aimé penser que le Christ aurait vécu un nombre parfait d’années (33 selon la tradition), serait mort un 25 mars, et aurait par conséquent été conçu un 25 mars dans le sein virginal de Marie, et serait né un 25 décembre.

Source : CLAVES


dimanche 1 janvier 2023

1er janvier 2023 - Testament spirituel de Benoît XVI

 
Testament spirituel de Benoît XVI
 
Si, à cette heure tardive de ma vie, je jette un regard en arrière sur les décennies que j'ai traversées, je vois tout d'abord combien j'ai de raisons de remercier. Je remercie avant tout Dieu lui-même, le dispensateur de tous les bons dons, qui m'a donné la vie et m'a guidé à travers de nombreuses tribulations, qui m'a toujours relevé lorsque je commençais à glisser, qui m'a toujours offert la lumière de son visage. En regardant en arrière, je vois et je comprends que même les parties sombres et pénibles de ce chemin ont été pour mon Salut et que c'est justement là qu'Il m'a bien guidé.
 
Je remercie mes parents qui m'ont donné la vie à une époque difficile et qui, au prix de grands renoncements, m'ont préparé par leur amour un merveilleux foyer qui comme une lumière claire illuminent tous mes jours jusqu'à aujourd'hui. La foi clairvoyante de mon père nous a appris à croire, à nous frères et sœurs, et elle a tenu bon comme guide au milieu de toutes mes connaissances scientifiques ; la piété chaleureuse et la grande bonté de ma mère restent un héritage pour lequel je ne pourrai jamais assez rendre grâce. Ma sœur m'a servi de manière désintéressée et pleine de sollicitude pendant des décennies ; mon frère m'a toujours ouvert la voie par la clairvoyance de ses jugements, avec sa puissante détermination et avec la sérénité de son cœur ; sans cette présence continue qui me précède et m'accompagne, je n'aurais pas pu trouver le bon chemin.
 
Je remercie Dieu du fond du cœur pour les nombreux amis, hommes et femmes, qu'Il a toujours mis à mes côtés ; pour les collaborateurs à toutes les étapes de mon chemin ; pour les enseignants et les élèves qu'il m'a donnés. Je les confie tous avec reconnaissance à sa bonté. Et je voudrais remercier le Seigneur pour ma belle patrie des Préalpes bavaroises, dans laquelle j'ai toujours pu voir transparaître la splendeur du Créateur Lui-même. Je remercie les habitants de ma patrie de m'avoir toujours permis de faire l'expérience de la beauté de la foi. Je prie pour cela, pour que notre pays reste une terre de foi et vous prie : chers compatriotes, ne vous laissez pas détourner de la foi. Enfin, je remercie Dieu pour toutes les belles choses que j'ai pu expérimenter aux différentes étapes de mon parcours, mais surtout à Rome et en Italie, qui est devenue ma deuxième patrie.
 
À tous ceux à qui j'ai fait du tort d'une manière ou d'une autre, je demande pardon du fond du cœur.
 
Ce que j'ai dit tout à l'heure de mes compatriotes, je le dis maintenant à tous ceux qui ont été confiés à mon ministère dans l'Église : Tenez bon dans la foi ! Ne vous laissez pas troubler ! Il semble souvent que la science – d'une part les sciences naturelles, d'autre part la recherche historique (en particulier l'exégèse des Saintes Écritures) – ait des vues irréfutables qui s'opposent à la foi catholique. J'ai assisté de loin aux transformations des sciences naturelles et j'ai pu voir comment des certitudes apparentes fondées contre la foi, ne se révélaient pas être des sciences, mais des interprétations philosophiques appartenant seulement en apparence à la science – tout comme la foi a appris, dans le dialogue avec les sciences naturelles, la limite de la portée de ses affirmations et ainsi à mieux comprendre ce qu'elle est.
 
Depuis soixante ans, j'accompagne le chemin de la théologie, en particulier celui des études bibliques, et j'ai vu s'effondrer, au fil des générations, des thèses qui semblaient inébranlables et qui se sont révélées n'être que de simples hypothèses : la génération libérale (Harnack, Jülicher, etc.), la génération existentialiste (Bultmann, etc.), la génération marxiste. J'ai vu et je vois comment, dans l'enchevêtrement des hypothèses, la raison de la foi a émergé et émerge à nouveau. Jésus-Christ est vraiment le chemin, la vérité et la vie – et l'Église, dans toutes ses imperfections, est vraiment Son corps.
 
Enfin, je demande humblement : priez pour moi, afin que le Seigneur me laisse entrer dans les demeures éternelles malgré tous mes péchés et mes insuffisances. À tous ceux qui me sont confiés, j'adresse jour après jour ma prière qui vient du cœur.


samedi 31 décembre 2022

31 décembre 2022 - Benoît XVI s'est éteint



Benoît XVI

Né en 1927, fils de gendarme, dans une famille simple et très catholique de Bavière, Joseph Ratzinger a été une figure majeure de l’Eglise. Ordonné prêtre avec son frère Georg en 1951, il devient docteur en théologie deux ans plus tard et, en 1957, il est autorisé à enseigner la théologie dogmatique. Il est professeur à Freising, Bonn, Münster, Tübingen et enfin Regensburg. Très jeune et déjà théologien estimé, Joseph Ratzinger avait suivi de près le Concile Vatican II en tant qu’expert du cardinal Frings de Cologne, proche de l’aile réformiste.

En 1977, à 50 ans, Paul VI le nomme archevêque de Munich et le crée cardinal quelques semaines plus tard. Jean-Paul II lui a confié en novembre 1981 la direction de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. C’est le début d’une collaboration étroite entre le pape polonais et le théologien bavarois, destinée à ne se dissoudre qu’avec la mort de Karol Wojtyla, qui a refusé jusqu’au bout la démission de Ratzinger. C’est au cours de ces années que l’ancien Saint-Office met les points sur les «i» dans de nombreux domaines: il freine la théologie de la libération, qui utilise l’analyse marxiste, et prend position face à l’émergence de problèmes éthiques majeurs. L’œuvre la plus importante est certainement le nouveau Catéchisme de l’Église catholique, un travail qui a duré six ans et qui a vu le jour en 1992.

Après la mort de Jean Paul II, le conclave de 2005 a appelé pour lui succéder en moins de 24 heures un homme déjà âgé – 78 ans – universellement estimé et respecté, même par ses adversaires. Depuis la loggia de la basilique Saint-Pierre, Benoît XVI se présente comme «un humble ouvrier dans la vigne du Seigneur».

Il consacre sa première encyclique Deus caritas est, à l’amour de Dieu. «Au début de la vie chrétienne, il n’y a pas une décision éthique ou une grande idée, mais la rencontre avec un événement, avec une Personne». Il trouve également le temps d’écrire un livre sur Jésus de Nazareth, un ouvrage unique publié en trois tomes.

Spe salvi, « Sauvés par l’espérance » est sa deuxième encyclique, publiée le 30 novembre 2007.

Signée le 29 juin 2009, fête de Saint Pierre et Saint Paul, l’encyclique Caritas in veritate (« La charité dans la vérité ») reprend les sujets sociaux de la Populorum Progressio (écrite par Paul VI en 1967). Cette 3ème encyclique du pape Benoît XVI entend développer certains aspects du développement durable dans le respect de la dignité de l’homme.

Parmi les décisions qui ont marqué son pontificat, citons le Motu proprio reconnaissant que le missel romain de 1962 n’a jamais été interdit, l’institution d’un Ordinariat pour permettre aux communautés anglicanes de revenir à la communion avec Rome, la révocation de l’excommunication des quatre évêques ordonnés par Mgr Marcel Lefebvre.

Lors de son dernier voyage en Allemagne en septembre 2011, il appelle l’Église à être moins mondaine:

«Les exemples historiques montrent que le témoignage missionnaire d’une Église “démondanisée” émerge plus clairement. Libérée des charges et des privilèges matériels et politiques, l’Église peut mieux se consacrer, et de manière vraiment chrétienne, au monde entier. Elle peut être réellement ouverte au monde… ».

Le 8 janvier 2022 il écrivait :

    « Bientôt, je serai face au juge ultime de ma vie. Bien que, regardant en arrière ma longue vie, je puisse avoir beaucoup de motifs de frayeur et de peur, mon cœur reste joyeux parce que je crois fermement que le Seigneur n’est pas seulement le juge juste mais, en même temps, l’ami et le frère qui a déjà souffert lui-même mes manquements et qui, en tant que juge, est en même temps mon avocat. À l’approche de l’heure du jugement, la grâce d’être chrétien me devient toujours plus claire. Être chrétien me donne la connaissance, bien plus, l’amitié avec le juge de ma vie et me permet de traverser avec confiance la porte obscure de la mort. À ce propos, me revient sans cesse à l’esprit ce que Jean rapporte au début de l’Apocalypse : il voit le Fils de l’homme dans toute sa grandeur et tombe à ses pieds comme mort. Mais Lui, posant sur lui sa main droite, lui dit : “Ne crains pas ! C’est moi…” »

source: le Salon Beige 

 
Seigneur, souviens-toi de ton serviteur le pape Benoît XVI
qui nous a précédés, marqué du signe de la foi, et qui dort dans la paix. 
Nous implorons pour lui ta bonté : 
qu’il demeure dans la joie, la lumière et la paix.


vendredi 25 mars 2022

25 mars 2022 - Consécration de l'humanité à la Bienheureuse Vierge Marie

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        Cher frère,

       Il s’est écoulé près d’un mois depuis le début de la guerre en Ukraine, qui cause chaque jour plus de souffrances à cette population martyre, et qui menace également la paix mondiale. L’Église, en cette heure sombre, est fortement appelée à intercéder auprès du Prince de la paix et à se faire proche de ceux qui paient dans leur chair les conséquences du conflit. Je suis en ce sens reconnaissant à tous ceux qui, avec grande générosité, répondent à mes appels à la prière, au jeûne, à la charité.

      À présent, accueillant aussi de nombreuses demandes du Peuple de Dieu, je désire confier, de manière spéciale, les nations en conflit à la Vierge.
Comme je l’ai dit dimanche à la fin de la prière de l’Angélus, le 25 mars, Solennité de l’Annonciation, j’entends accomplir un Acte solennel de consécration de l’humanité, et particulièrement de la Russie et de l’Ukraine, au cœur immaculé de Marie. Puisqu’il convient de se disposer à invoquer la paix en étant renouvelé par le pardon de Dieu, cela se fera dans le contexte d’une Célébration pénitentielle qui aura lieu dans la Basilique Saint Pierre à 17h00, heure de Rome. L’Acte de consécration est prévu vers 18h30.

      Il se veut être un geste de l’Église universelle qui, en ce moment dramatique, porte à Dieu, par sa Mère et notre Mère, le cri de douleur de tous ceux qui souffrent et implorent la fin de la violence, et qui confie l’avenir de l’humanité à la Reine de la paix. Je vous invite donc à vous unir à cet Acte, en convoquant, dans la journée du vendredi 25 mars, les prêtres, les religieux et les autres fidèles à la prière communautaire dans les lieux sacrés, afin que le saint Peuple de Dieu fasse monter vers sa Mère la supplique, unanime et pressante. Je vous transmets, pour ce faire, le texte de prière de consécration appropriée, afin que vous puissiez la réciter, au cours de cette journée, en union fraternelle.

     Je vous remercie pour l’accueil et la collaboration. Je vous bénis de tout cœur, ainsi que les fidèles confiés à vos soins pastoraux. Que Jésus vous protège
et que la Sainte Vierge vous garde. Priez pour moi.

Fraternellement.
De Saint Jean de Latran, le 21 mars 2022

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ACTE DE CONSÉCRATION AU CŒUR IMMACULÉ DE MARIE

      Ô Marie, Mère de Dieu et notre Mère, en cette heure de tribulation nous avons recours à toi. Tu es Mère, tu nous aimes et tu nous connais : rien de tout ce à quoi nous tenons ne t’est caché. Mère de miséricorde, nous avons tant de fois fait l’expérience de ta tendresse providentielle, de ta présence qui ramène la paix, car tu nous guides toujours vers Jésus, Prince de la paix.

      Mais nous avons perdu le chemin de la paix. Nous avons oublié la leçon des tragédies du siècle passé, le sacrifice de millions de morts des guerres mondiales. Nous avons enfreint les engagements pris en tant que Communauté des Nations et nous sommes en train de trahir les rêves de paix des peuples, et les espérances des jeunes. Nous sommes tombés malades d’avidité, nous nous sommes enfermés dans des intérêts nationalistes, nous nous sommes laissés dessécher par l’indifférence et paralyser par l’égoïsme. Nous avons préféré ignorer Dieu, vivre avec nos faussetés, nourrir l’agressivité, supprimer des vies et accumuler des armes, en oubliant que nous sommes les gardiens de notre prochain et de la maison commune. Nous avons mutilé par la guerre le jardin de la Terre, nous avons blessé par le péché le cœur de notre Père qui nous veut frères et sœurs. Nous sommes devenus indifférents à tous et à tout, sauf à nous-mêmes. Et avec honte nous disons : pardonne-nous, Seigneur !

      Dans la misère du péché, dans nos fatigues et nos fragilités, dans le mystère d’iniquité du mal et de la guerre, toi, Mère sainte, tu nous rappelles que Dieu ne nous abandonne pas et qu’il continue à nous regarder avec amour, désireux de nous pardonner et de nous relever. C’est Lui qui t’a donnée à nous et qui a fait de ton Cœur immaculé un refuge pour l’Église et pour l’humanité. Par bonté divine, tu es avec nous, et tu nous conduis avec tendresse, même dans les tournants les plus resserrés de l’histoire.

      Nous recourons donc à toi, nous frappons à la porte de ton Cœur, nous, tes chers enfants qu’en tout temps tu ne te lasses pas de visiter et d’inviter à la conversion. En cette heure sombre, viens nous secourir et nous consoler. Répète à chacun d’entre nous : “Ne suis-je pas ici, moi qui suis ta Mère?” Tu sais comment défaire les nœuds de notre cœur et de notre temps. Nous mettons notre confiance en toi. Nous sommes certains que tu ne méprises pas nos supplications et que tu viens à notre aide, en particulier au moment de l’épreuve.
 
     C’est ce que tu as fait à Cana de Galilée, quand tu as hâté l’heure de l’intervention de Jésus et as introduit son premier signe dans le monde.
Quand la fête était devenue triste, tu lui as dit : « Ils n’ont pas de vin » (Jn 2, 3). Répète-le encore à Dieu, ô Mère, car aujourd’hui nous avons épuisé le vin de l’espérance, la joie s’est dissipée, la fraternité s’est édulcorée. Nous avons perdu l’humanité, nous avons gâché la paix. Nous sommes devenus capables de toute violence et de toute destruction. Nous avons un besoin urgent de ton intervention maternelle.

Reçois donc, ô Mère, notre supplique.
Toi, étoile de la mer, ne nous laisse pas sombrer dans la tempête de la guerre.
Toi, arche de la nouvelle alliance, inspire des projets et des voies de réconciliation.
Toi, “terre du Ciel”, ramène la concorde de Dieu dans le monde.
Éteins la haine, apaise la vengeance, enseigne-nous le pardon.
Libère-nous de la guerre, préserve le monde de la menace nucléaire.
Reine du Rosaire, réveille en nous le besoin de prier et d’aimer.
Reine de la famille humaine, montre aux peuples la voie de la fraternité.
Reine de la paix, obtiens la paix pour le monde.

      Que tes pleurs, ô Mère, émeuvent nos cœurs endurcis. Que les larmes que tu as versées pour nous fassent refleurir cette vallée que notre haine a asséchée. Et, alors que ne se tait le bruit des armes, que ta prière nous dispose à la paix. Que tes mains maternelles caressent ceux qui souffrent et qui fuient sous le poids des bombes. Que ton étreinte maternelle console ceux qui sont contraints de quitter leurs maisons et leur pays. Que ton Coeur affligé nous entraîne à la compassion et nous pousse à ouvrir les portes et à prendre soin de l’humanité blessée et rejetée.

      Sainte Mère de Dieu, lorsque tu étais sous la croix, Jésus, en voyant le disciple à tes côtés, t’a dit : « Voici ton fils » ( Jn 19, 26). Il t’a ainsi confié chacun d’entre nous. Puis au disciple, à chacun de nous, il a dit : « Voici ta mère » (v. 27). Mère, nous désirons t’accueillir maintenant dans notre vie et dans notre histoire. En cette heure, l’humanité, épuisée et bouleversée, est sous la croix avec toi. Et elle a besoin de se confier à toi, de se consacrer au Christ à travers toi. Le peuple ukrainien et le peuple russe, qui te vénèrent avec amour, recourent à toi, tandis que ton Cœur bat pour eux et pour tous les peuples fauchés par la guerre, la faim, l’injustice et la misère.

      Mère de Dieu et notre Mère, nous confions et consacrons solennellement à ton Cœur immaculé nous-mêmes, l’Église et l’humanité tout entière, en particulier la Russie et l’Ukraine. Accueille cet acte que nous accomplissons avec confiance et amour, fais que cesse la guerre, assure au monde la paix. Le “oui” qui a jailli de ton Cœur a ouvert les portes de l’histoire au Prince de la paix ; nous espérons que la paix viendra encore par ton Cœur. Nous te consacrons l’avenir de toute la famille humaine, les nécessités et les
attentes des peuples, les angoisses et les espérances du monde.

      Qu’à travers toi, la Miséricorde divine se déverse sur la terre et que la douce palpitation de la paix recommence à rythmer nos journées. Femme du “oui”, sur qui l’Esprit Saint est descendu, ramène parmi nous l’harmonie de Dieu. Désaltère l’aridité de nos cœurs, toi qui es “source vive d’espérance”.
Tu as tissé l’humanité de Jésus, fais de nous des artisans de communion.
Tu as marché sur nos routes, guide-nous sur les chemins de la paix. Amen.

samedi 22 janvier 2022

22 janvier 2022 - Saint Irénée de Lyon, docteur de l'Eglise

 Saint Irénée de Lyon devient le 37ème Docteur de l’Église

Le pape François a officiellement déclaré ce vendredi 21 janvier saint Irénée, évêque de Lyon du IIème siècle, Docteur de l’Église. Voir l'article d'Aleteia.



Saint Irénée, originaire de Smyrne (aujourd’hui Izmir, en Turquie) au deuxième siècle, fut disciple de l’évêque Polycarpe, qui lui-même avait connu l’Apôtre Jean. Plus tard, en Gaule, il deviendra membre du collège des prêtres de la jeune communauté chrétienne de Lyon. Une mission à Rome le fait échapper à la persécution de Marc-Aurèle, qui fera de nombreux martyrs, parmi lesquels Pothin, l’évêque de Lyon. À son retour, Irénée, élu évêque de Lyon, se donne totalement à son ministère, qui s’achève vers 203, peut-être par le martyre. 
Irénée est un homme de foi et un pasteur défendant la vraie doctrine contre les assauts des hérétiques, en particulier des gnostiques. Il est le premier grand théologien de l’Église, exposant avec clarté les vérités de foi. Pour lui, la dignité de l’homme est solidement ancrée dans la création, à l’image du Christ, et dans l’œuvre permanente de sanctification de l’Esprit Saint. 
Au centre de sa doctrine, se trouve la «règle de la foi», qui coïncide avec le Credo des Apôtres, avec l’Évangile qu’ils ont transmis sans interruption aux évêques, leurs successeurs. Il résume en trois points le concept authentique de Tradition apostolique: la Tradition apostolique est «publique», le contenu de la foi transmise par l’Église est reçu de Jésus et des Apôtres. La Tradition apostolique est «unique» dans son contenu fondamental, malgré la diversité des langues et des cultures. La Tradition apostolique est «pneumatique», guidée par l’Esprit Saint, qui rend l’Église toujours jeune, dans la richesse de ses charismes.

Catéchèse de Benoît XVI, le 28 mars 2007


Saint Irénée - qui veut dire "paix" - est connu pour être intervenu auprès du Pape Victor Ier afin que ce dernier ne condamne pas ceux qui célébraient Pâques à une date différente de la sienne. Irénée a ainsi maintenu l'unité et la paix de l'Eglise.

Un Franc-comtois n'oubliera pas que c'est sous l'épiscopat de saint Irénée à Lyon que saint Ferréol et saint Ferjeux sont réputés être venus évangéliser Besançon. L'Eglise bisontine est ainsi directement héritière de l'enseignement de saint Irénée et par lui de saint Polycarpe et de saint Jean. C'est donc fête aujourd'hui !



jeudi 11 novembre 2021

11 novembre 2021 - Peut-on disserter sur l'Eglise en ignorant le Christ?

Peut-on disserter sur l’Église en ignorant le Christ ?
Jean Duchesne – publié sur Aleteia le 10/11/21
 
Tous les mardis, Jean Duchesne décode les grands événements du monde et de l’Église. Tandis que les projets de réforme au sein de l’Église de France suscitent de nombreux commentaires, il s’interroge : parler de l’Église en mettant prudemment Dieu entre parenthèses, n’est-ce pas dissimuler une part décisive de la vérité ? L’avenir du christianisme ne dépend pas uniquement de son image médiatique.
 
Par les temps qui courent, on disserte d’abondance sur l’Église, pour expliquer qu’elle va mal et prédire son naufrage dans une marginalité insignifiante. Les abus sexuels commis par des prêtres sont déclarés massifs et « systémiques », ce qui permet de dénoncer ouvertement le cléricalisme et indirectement la structure épiscopale et en fait apostolique de l’institution, donc la source même de son existence. Certains experts ne lui voient de chances de survie que dans une « synodalité » conçue comme un système de démocratie directe en régime d’assemblée, où la parole qui s’impose exerce un pouvoir absolu.
 
Qu’il soit cependant non moins permis de se demander s’il est adéquat de poser le problème en termes politiques de pouvoir. L’Église n’est pas une société ou institution ordinaire, comme peut l’être une nation, un parti de gouvernement ou d’opposition, une entreprise, un syndicat ou même une association à but non lucratif. Elle n’a pas sa propre fin en elle-même. Comme servante qui en a reçu la mission, elle ne fait que relayer l’offre de Dieu : le reconnaître comme Père, devenir ses enfants et avoir part à sa vie, laquelle consiste non pas à prendre, mais au contraire à donner et même à se donner inconditionnellement — à vue humaine au risque de se perdre —, mais dans la pleine liberté de l’être.
 
Une institution purement humaine ?
 
La puissance paradoxale qui se révèle et se livre ainsi ne peut pas être dominatrice. Elle est, à l’inverse, libératrice. Et, puisqu’il faut la transmettre pour la recevoir soi-même, la proposer requiert qu’elle soit non seulement annoncée, mais encore confirmée concrètement par le comportement de ses hérauts et témoins, qui sont la partie visible de ce qu’on appelle l’Église. Bien sûr, son message peut constamment être faussé et dénaturé, car la liberté qu’il confère reste soumise à toutes sortes de tentations d’appropriation et de pouvoir sur les autres. Les abus plus ou moins flagrants de quelques-uns de ses membres peuvent sensiblement éroder son audience en scandalisant, c’est-à-dire en faisant trébucher dans la foi. Mais ces détournements ne suffiront jamais à décourager Dieu d’offrir part à sa vie.
 
Que des observateurs extérieurs s’intéressent uniquement à ce que peuvent traiter leurs outils d’analyse, c’est compréhensible. Ce qui l’est moins, c’est que, de l’intérieur, des baptisés se proclamant tels (voire des prêtres !) se contentent des mêmes critères pour évaluer les chances de survie du christianisme, comme si son avenir dépendait exclusivement de son image médiatique ou de son inculturation. C’est là faire de l’Église une institution purement humaine et sans raison d’être autre qu’accidentelle. Si son but n’est que d’exercer sinon du pouvoir, au moins quelque influence, ou simplement d’en garder, ses membres ne comptent plus (bien présomptueusement) que sur leurs propres vertus. Et s’ils veulent seulement se faire accepter, ils se soumettent passivement par avance aux normes sociales du moment.
 
Quand le péché aggrave le crime
 
Parler de l’Église en mettant prudemment Dieu entre parenthèses, sous prétexte que son existence n’est pas évidente pour tout le monde, c’est donc, d’une certaine façon, dissimuler la part décisive de la vérité. C’est un peu comme si on dissertait sur le football en ignorant délibérément qu’il s’agit d’un jeu de ballon avec des règles et en réduisant le phénomène à son impact socio-économique. Qu’on n’aille pas s’imaginer que « théologiser » les réactions aux abus commis par des clercs revient à relativiser ces crimes. La référence à ce qu’ils trahissent, les fait au contraire ressortir comme des abominations où, à la faute gravissime que réprouvent les lois de la morale « naturelle » et que sanctionne la justice humaine, s’ajoute le péché caractérisé de se servir de Dieu au lieu de le servir en servant son prochain.
 
Allons plus loin et soyons plus précis en nous demandant quel rapport tout cela peut avoir avec le Christ — celui qui nous montre le Père (Jn 14, 7-9). Il a dit : « Ce que vous avez fait (par des égoïsmes et aveuglements en tout genre) ou pas fait (par manque de compassion) à ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ou pas fait » (Mt 25, 40 et 45). C’est pourquoi, en tant que « membres du Corps du Christ, chacun pour sa part » (Rm 12, 5), tous les chrétiens sont — ou devraient se sentir —, même s’ils n’ont commis aucune abomination et n’ont pas d’indifférence à se reprocher, personnellement blessés en découvrant les ignominies perpétrées par inversion de la mission reçue en jouissance cynique.
 
Sans le Christ, que reste-t-il de l’Église ?
 
Ce qui reste alors à faire n’est pas de se substituer aux successeurs des apôtres auxquels il revient de prendre les mesures propres à prévenir et réparer le mal autant qu’il est possible. Il ne peut être non plus question de faire profil bas en attendant d’hypothétiques jours meilleurs, et encore moins de désespérer en se résignant à une marginalité présumée irréversible. Mais c’est du Christ qu’il faut encore et toujours se rapprocher, lui qui est « en agonie jusqu’à la fin des temps », comme l’a écrit Blaise Pascal, et pourtant déjà ressuscité. En un mot, le christianisme ne survit pas sans le Christ, et l’avenir de l’Église qui est son Corps (Éph 1, 22-23) ne passe vraisemblablement pas par la mise en œuvre des recommandations des uns ou des autres, mais par une perception sans cesse à renouveler des véritables enjeux.
 
Ce recentrage perpétuel s’opère pour les croyants dans la fréquentation de la Parole de Dieu et des sacrements, dans la prière quotidienne et dans l’exercice assidu de la charité. Mais les autres ont aussi intérêt, qu’ils veuillent plutôt du bien ou plutôt du mal à l’Église, à se renseigner sur le Christ pour ne pas s’embourber dans des épiphénomènes. À tous ceux qui se soucient un peu de ce qu’est au fond la réalité de l’institution sur laquelle on disserte à l’envi dans l’actualité, on peut ainsi conseiller le Jésus de Nazareth, roi des Juifs de Roland Hureaux, paru cet automne chez Desclée De Brouwer.
 
Tout ce qu’il vaut mieux savoir sur Jésus
 
L’auteur, normalien, historien et énarque, passe systématiquement en revue toutes les sources sur ce qui est su du Christ — dans le christianisme, bien sûr, mais aussi grâce aux documents juifs et païens. La lecture transversale des évangiles permet de cerner la personnalité de Jésus telle qu’elle a été perçue par ses contemporains et de synthétiser les contenus de sa prédication. Le défi des miracles qui heurtent la rationalité contemporaine n’est pas esquivé, de même que sont affrontées les questions des discordances entre les témoignages, des relations de Jésus avec les femmes et avec les pharisiens, ainsi que de l’organisation qu’il donne à la troupe de ses disciples. L’étude des vives tensions au sein du milieu permet d’identifier les mécanismes qui aboutissent à l’exécution du « roi des Juifs ».
 
Tout cela sans parti-pris apologétique (y compris à propos des récits du matin de Pâques), et simplement en présentant de façon ordonnée toutes les informations disponibles. Sans doute existe-t-il, sur tous les médias possibles, quantité d’autres ensembles accessibles de données au sujet de Jésus. Mais cette somme-là a le mérite de fournir, sans qu’il soit besoin d’un acte de foi et d’allégeance, tout ce qu’il vaut mieux savoir du Christ quand on parle de l’Église qui n’existe que par lui et que nul ne peut ni s’approprier ni supprimer.
 
 
Jésus de Nazareth, roi des Juifs
par Roland Hureaux, Desclée de Brouwer, septembre 2021.

lundi 8 novembre 2021

08 novembre 2021 - Napoléon Saint, l'Empereur au Paradis

Napoléon Saint, L’Empereur au Paradis

En 1806, le pape réunit quelques cardinaux au sujet d’une question brûlante : saint Napoléon a-t-il existé ? À quelle date doit-il être célébré ? L’Église doit-elle prier et faire prier pour lui ?

Car dans l’Empire des Français récemment proclamé, les évêques appellent les fidèles à célébrer une nouvelle fête, la Saint-Napoléon, le 15 août, le jour de la naissance de l’Empereur et de la fête de l’Assomption.

En imposant un nouveau saint dans le calendrier, en l’offrant à la vénération des citoyens, l’État affirme sa sacralité à travers le corps glorieux du souverain. Ce faisant, saint Napoléon est aussi l’objet d’appropriations partisanes et provoque des oppositions religieuses.

Ce livre, fondé sur des archives inédites, pose sous un angle nouveau le rapport entre État et Église dans la France d’après la Révolution et constitue une contribution originale à l’analyse de l’imaginaire politique national.

Vincent Petit, docteur en histoire contemporaine (Paris-Sorbonne/Fribourg), est spécialiste d’histoire religieuse et politique du XIXème siècle. Il a publié un essai intitulé Eglise et Nation. La question liturgique en France au XIXème siècle en 2010, et plus récemment en 2019, Effacer la révolution, Vie et mort des prêtres constitutionnels francs-comtois.

Dédicace la Vendredi 19 Novembre 2021,
de 16h00 à 18h00

18 rue Mégevand,
25000 Besançon



jeudi 4 novembre 2021

04 novembre 2021 - Saint Charles Borromée

Saint Charles Borromée, le cardinal qui soignait les malades de la peste
Thérèse Puppinck - Aleteia
 
 
© Leemage via AFP
 
En 1576, alors que la ville de Milan est ravagée par la peste, saint Charles Borromée, célébré par l'Église ce 4 novembre, fait preuve d'un dévouement extraordinaire auprès des malades et mène des actions rapides pour limiter la propagation du mal.
Saint Charles Borromée est un des grands prélats italiens du XVIe siècle. Il est connu pour sa participation active au concile de Trente, notamment dans la rédaction du célèbre catéchisme appelé aujourd’hui catéchisme du concile de Trente. Dans son diocèse de Milan, saint Charles eut à cœur de faire appliquer la réforme catholique issue du concile dans un esprit de charitable pédagogie. Toutefois, les Milanais se souviennent davantage de son action énergique et spectaculaire lors de la terrible peste qui ravagea la ville durant les derniers mois de l’année 1576.
 
Dès le début de la propagation de cette redoutable maladie, que la médecine de l’époque ne sait pas soigner, l’évêque propose son assistance aux autorités civiles, et il conseille le gouverneur pour mettre en place les premières mesures prophylactiques destinées à limiter la propagation du mal. Immédiatement, on décide la fermeture des portes de la ville afin d’empêcher l’arrivée de nouveaux pestiférés, car la maladie vient des villes environnantes. Autre mesure élémentaire pour restreindre la contagion : séparer les malades des biens portants. Ainsi, à la moindre suspicion de peste, les habitants sont envoyés au lazaret. Mais rapidement, celui-ci ne suffit pas, et les autorités organisent la construction, en dehors de la ville, de plusieurs centaines de cabanes pour recevoir les malades.
 
De la santé du corps à la santé de l’âme
 
Saint Charles ne conçoit pas de laisser les pesteux et les mourants sans réconfort. Il sait combien le soutien affectif, et surtout spirituel, est fondamental en période d’épidémie. La santé de l’âme est plus importante que celle du corps, estime le pieux évêque. A quoi bon soulager le corps si l’âme est malade ? Il décide alors d’aller tous les jours visiter les pestiférés pour les réconforter, les confesser et leur donner la sainte communion. Son courage et son élan de générosité entraînent d’autres prêtres et religieux. Progressivement, ces ecclésiastiques viennent à leur tour apporter les secours de la religion aux malades, qui, sans eux, seraient dans une profonde solitude et une profonde détresse.
 
L’acceptation du risque de la maladie par amour de Dieu et des âmes n’empêche pas l’évêque de Milan de suivre les recommandations médicales pour se protéger et empêcher la contagion. Ainsi, Charles désinfecte toujours ses vêtements au vinaigre, et il refuse désormais de se faire servir, ne souhaitant pas exposer les serviteurs du palais épiscopal. Comme il risque chaque jour d’être infecté, il se promène avec une longue baguette qui lui permet de maintenir une distance de sécurité quand il rencontre des biens portants. Il préconise les mêmes mesures préventives à tous ceux qui approchent les pestiférés. Mais plus que tous les moyens terrestres, Mgr Charles Borromée s’abandonne totalement à la volonté de son Père céleste. Il encourage les prêtres à conserver une âme à la fois ardente, entièrement dévouée à leur ministère, et tranquille, pleinement confiante en Dieu. Force est de constater que sa confiance ne fut pas vaine, puisque, malgré une exposition quasi journalière à la maladie, Charles ne fut pas atteint par la peste.
 
Un confinement strict
 
Au mois d’octobre, quelques semaines après le début de l’épidémie, les autorités civiles publient un édit de quarantaine : interdiction est faite à tous les habitants de sortir de leur demeure, sous peine de mort. L’isolement profond entraîné par ce confinement, la crainte du mal toujours menaçant, la préoccupation du sort des parents et des amis, les premières atteintes de la maladie, tout contribue à aggraver encore plus la détresse des Milanais. Leur pasteur sent combien cette situation est douloureuse pour le cœur, mais aussi dangereuse pour l’âme. Il décide de réagir en conséquence et commence par prévenir la municipalité que ses prêtres ne vont pas respecter la quarantaine. Le gouverneur, qui a déserté la ville quelques jours après le début de l’épidémie pour se réfugier à la campagne, se retrouve impuissant face à la détermination de Charles. De plus, il comprend les bienfaits d’une présence spirituelle pour maintenir la santé morale des habitants. L’évêque répartit ensuite les équipes sacerdotales entre le ministère des pestiférés et le ministère des confinés, et il cherche les moyens de transmettre aux fidèles les grâces sacramentelles malgré le confinement.
 
Tout d’abord, saint Charles incite les habitants à une prière plus fréquente et plus intense, en leur proposant des lectures spirituelles et la récitation des litanies. Puis il fait sonner les cloches de la ville sept fois par jour, afin d’inviter les habitants à se recueillir tous ensemble au même moment. Des prêtres déambulent dans les rues en priant à voix haute, et les fidèles, de leurs fenêtres, leur donnent la réplique. Quand ils souhaitent se confesser, ils appellent le prêtre qui les confesse alors sur le pas de la porte. Enfin, Charles fait construire à travers la ville dix-neuf colonnes surmontée d’une croix. Un autel est installé au pied de chacune d’elle, et la messe y est célébrée tous les jours. Postés à leurs fenêtres, les habitants peuvent se tourner vers les croix dressées dans le ciel, et prendre ainsi part aux messes. Les prêtres portent ensuite la communion aux fidèles, à travers les fenêtres ou sur le pas des portes. La quarantaine est partiellement levée à la fin du mois de décembre et la peste quitte progressivement la ville durant les mois suivants.
 
Charles Borromée mourut en 1584 ; il fut canonisé dès 1610. Son action à Milan contribua à la reconnaissance de l’héroïcité de ses vertus. Pendant ces semaines éprouvantes d’épidémie, saint Charles n’hésita pas à bousculer les règlements et les conventions sociales, et il eut le courage de risquer sa vie, par amour du Christ et des âmes. Son dévouement auprès des prêtres et des fidèles de son diocèse lors cette épidémie lui a valu d’être déclaré saint patron des évêques.
 


samedi 30 octobre 2021

30 octobre 2021 - Anniversaire de la mort de Fiodor Dostoïevski

 Il y a 200 ans quittait ce monde l'écrivain russe Fiodor Dostoïevski.


Voici un extrait de ce qu'il écrivait sur la prière, dans Les Frères Karamazov, Entretiens du starets Zosime :

"Jeune homme, n’oublie pas la prière. 

Toute prière, si elle est sincère, exprime un nouveau sentiment, elle est la source d’une idée nouvelle que tu ignorais et qui te réconforteras, et tu comprendras que la prière est une éducation. 

Souviens-toi encore de répéter chaque jour, et toutes les fois que tu peux, mentalement : Seigneur, aie pitié de tous ceux qui comparaissent maintenant devant toi

Car à chaque heure, des milliers d’êtres terminent leur existence terrestre et leurs âmes arrivent devant le Seigneur ; combien parmi eux ont quitté la terre dans l’isolement, ignorés de tous, tristes et angoissés de l’indifférence générale. 
Et peut-être qu’à l’autre bout du monde, ta prière pour lui montera à Dieu, sans que vous vous soyez connus. 

L’âme saisie de crainte en présence du Seigneur, il sera touché d’avoir lui aussi sur la terre quelqu’un qui l’aime et qui intercède pour lui. Et Dieu vous regardera tous deux avec plus de miséricorde, car si tu as une telle pitié de son âme, Il en aura d’autant plus, Lui dont la miséricorde et l’amour sont infinis. 

Et Il lui pardonnera à cause de toi."